Retour aux sources pour la ZRC.

Nous les passionnés d’horlogerie aimons nous retrouver au cours de soirées plus ou moins organisées. A l’occasion de l’une d’entre elles, je fais la connaissance d’un des horlogers de la boutique d’horlogerie Maier à Lyon. Il me décrit son parcours et son quotidien. Bien sûr, je suis absorbé. Je remarque aussi sa montre, une ZRC. Outre sa couronne à 6h si caractéristique de la marque, c’est sa couleur qui accroche mon regard : orange. Il m’apprend qu’il s’agit d’une collaboration entre ZRC et Maier, produite en série très limitée. Mon intérêt pour ZRC était déjà bien présent mais il atteint son paroxysme. Je lui fais part de mon envie de porter cette montre pour la tester et ressentir ce qu'elle peut apporter au poignet. La soirée suit son cours. Quelques semaines plus tard, je suis invité à rencontrer M. Jean-Louis Maier, fondateur des boutiques Maier. Nous sommes dans son bureau et nos échanges sont rythmés par le son des montres qui traversent l’espace grâce à l’air comprimé envoyé dans des tuyaux transparents, lesquels relient l’atelier d’horlogerie aux différentes boutiques Maier de la rue du Président Herriot, au cœur de Lyon. Il accepte de me prêter une ZRC Maier, et pas n’importe laquelle. Il me tend sa ZRC Maier personnelle, numérotée 52/99, un numéro symbolique pour lui. Je repars ravi et enthousiaste à l’idée de porter cette montre pour la tester. Surtout, ce prêt vient au bon moment. Tel un retour aux sources, elle m'accompagnera durant le weekend dans la région d'Annecy, ville où la ZRC Grands Fonds fut pensée.

Je savais que le lac d’Annecy et son relief environnant allaient me permettre de me vider l’esprit. Effectivement, à peine arrivé, nous avons été happés par l’ambiance propice à la contemplation. La neige, inespérée, a ajouté ce supplément d’âme que nous espérions secrètement.

A peine garé, nous enfilons nos chaussures de randonnée et partons profiter de la neige fraîchement tombée.

Le silence nous entoure. Seuls nos pas s’enfonçant dans la neige épaisse trahissent notre présence. Nous passons dans des décors qui semblent hors du temps. Au milieu de cet univers blanc et silencieux, la ZRC Maier ne passe pas inaperçue.

Après une demie-heure de marche, nous arrivons sur une plaine d’un blanc immaculé, au milieu de laquelle se trouve un cheval se fondant parfaitement dans le décor. C’est le bon moment pour faire une pause.

Après avoir fait connaissance et admiré les alentours, je prends le temps d’observer d’un peu plus près ce cadran. Ce dernier est d'un orange intense et mat. On en devine la granularité emprisonnant toute lumière qui viendrait s’y aventurer.

Le ciel commençant à se couvrir, nous décidons de rejoindre la voiture garée au pied du relief. La neige perchée sur les branches des arbres commence à fondre et tombe au sol, rompant là encore un calme absolu...

Arrivés à la voiture, nous faisons un saut au lac d’Annecy avant de partir le soir-même au Lac du Bourget pour y passer la nuit.

Les petites embarcations n’attendent que d’être relâchées sur le Lac. Nous restons de longues minutes à simplement regarder l'eau qui ondule calmement. Puis nous partons.

Une fois arrivé au gite situé sur les hauteurs du lac du Bourget, je m’installe au bureau avec une boisson chaude et mon ordinateur, le temps pour moi de noter mes premières impressions sur cette montre.

Les collaborations entre manufacture et distributeur horloger sont rares. En tant que marque, associer un modèle à une boutique, indépendante de surcroît, n’est pas neutre. C’est une preuve de confiance et de reconnaissance forte, sans concession. On peut en citer quelques-unes. la Tudor Black Bay green réalisée en collaboration avec le magasin de luxe londonien Harrods. Il existe également les montres Bucherer Blue constituées d’éditions spéciales de montres telles que Oris, IWC ou encore Audemars Piguet.

Ici, ZRC 1904 et Maier sont allés plus loin. La ZRC Maier ne se contente pas de se parer de la couleur orange tant appréciée par le détaillant lyonnais. Outre le logo ZRC présent sur la plupart des modèles ZRC, notamment de la gamme “Spirit 1964”, apparaît à 6h la mention Maier, symbole de la collaboration.

Pour Jean-Louis Maier, le choix de ZRC était naturel. Il s'agissait de collaborer avec une marque que son équipe et lui apprécient pour ses gardes temps et son histoire. On comprend aisément ce choix. ZRC fut sacrée en 1964 lorsqu’elle équipa la Marine française, et ce jusqu’en 1982. ZRC peut ainsi se targuer d’avoir équipé des unités prestigieuses, notamment le 3ème Groupement des Plongeurs Démineurs de TOULON (GPD III) qui intervient toute l'année pour neutraliser des engins historiques (obus, mines, torpilles…), et le Commando Hubert, toujours la seule unité de nageurs de combat de la Marine Nationale Française.

Credit : ZRC 1904

A l’instar du paysage qui nous entoure, le cadran est plein de reliefs. Toutes les 5 minutes, une goutte de matière luminescente a été appliquée généreusement mais avec précision. Suivent ensuite des index bâtons ou chiffres arabes également appliqués, de la même teinte que le bronze du boîtier.

A 3h, nous pouvons lire la date. J’ai souvent tendance à faire partie de ceux qui ne souhaitent pas de date sur une montre de plongée. La fonction de cette dernière est d’indiquer le temps d’immersion au plongeur et non de lui indiquer la date. Souvent aussi, la date prend la place d’un index luminescent, pourtant utile à la lecture du temps de plongée.

J'ai toutefois tempéré ma position. En premier lieu, bien des montres pensées pour la plongée professionnelle affichaient une date. Un exemple bien connu : la Rolex Submariner Comex, référence 16610. Je ne saurais nier l’usage professionnel de cette montre.

Credit : Romain Réa

Plus spécifiquement à la ZRC Maier, la lunette tournante comporte des points luminescents toutes les 5 minutes. On peut donc lire parfaitement le temps de plongée grâce à ces repères sur la lunette.

En parlant de la lunette, le noir mat dont elle se pare confirme l’esprit utilitaire de la montre. Les repères luminescent évoqués plus tôt ont une certaine originalité: trois repères luminescents successifs sont présents à 12h, puis 2 tous les quarts d’heures. A la lecture dans l’obscurité, cela peut désarçonner mais une fois habitué, le spectacle est superbe. L’ensemble cadran, aiguilles et lunette offre une véritable constellation.

La lunette de la ZRC Maier comporte aussi une particularité technique appréciable : son système breveté de nettoyage dit ECS (Easy Clean System) permettant de nettoyer l’intérieur de la lunette. Sel et sable ne pourront y élire domicile.

Les aiguilles participent également au charisme de la montre. Appelées “Magnum”, elles sont luminescentes et se distinguent parfaitement l’une de l’autre. Aucun danger donc de confondre l’aiguille des heures avec celle des minutes. Les amateurs de vintage apprécieront aussi l’aiguille des secondes type “lollipop”, sans contrepoids.

Le lendemain matin, je prends le petit déjeuner avec stylo et calepin pour noter quelques idées. Si elle n’est pas déjà à mon poignet, la montre n’est jamais loin.

Voulant profiter des premiers rayons de soleil pour visiter les abords du lac du Bourget, le café est vite bu. J’embarque avec moi la ZRC et saute en voiture, direction le lac à quelques minutes de route en contrebas.

La route en lacet est déserte et bouchée d’une brume opaque. Le plaisir de conduite est pourtant là. A mi-chemin, tout se dégage et je fais face à une vue inespérée. Impossible de continuer mon chemin sans m’y arrêter.

Une épaisse couche de nuages surplombe le lac, comme un dôme protecteur. Le verre saphir de la ZRC Maier surplombe lui aussi le cadran, la boîte et la lunette. En revanche, à l'inverse des nuages en face de moi, il nous laisse admirer le cadran.

Beaucoup en raffolent, dont moi. Je l’indiquais à propos de ma Oris Big Crown Pointer Date, j’adore les verres en saphir bombés. Au-delà de sa résistance aux rayures, je ne me lasse pas de la déformation des index créée par ces verres bombés.

De nouveau, la visibilité se bouche. Je prends d’ultimes clichés et repars en direction du lac.

Une fois garé aux abords du lac, je descends de voiture, appareil photo à l’épaule et ZRC au poignet, toujours. J’entends des voix faibles. Elles proviennent du lac. Des rameurs s’entraînent à l’aviron, sous l'œil bienveillant mais non moins exigeant de leur coach installé dans un petit zodiac.

Comme le lac d’Annecy, le lac du Bourget a quelque chose d’hypnotisant, presque mystique.

Plus loin, je remarque une multitude de petits bateaux amarrés. Je pourrais monter dans n’importe quel bateau, les alentours étant toujours d’un calme enivrant. Les bateaux sont recouverts de givres. Des cristaux de glace se sont formés sur les cordes, les poulies et les différentes pièces en acier patinées par le temps. Patinée, la ZRC Maier l’est aussi. Le boîtier en bronze n’a plus l’éclat qu’il arborait au départ et c’est là tout l’intérêt. A l’instar de ces bateaux à l’épreuve de la météo, cette montre imprime le temps qui passe grâce à son boitier en bronze amagnétique. celui-ci arbore des teintes grises et brunes du plus bel effet.

Dans cet environnement marin, porter la ZRC prend tout son sens. La montre vous attire vers le lac. Vous vous surprenez à vous imaginer emprunter l’un de ces bateaux, vous arrêter au milieu du lac et plonger chercher un trésor perdu.

Le soleil est désormais haut dans le ciel. Je m’installe sur le banc le plus proche.

Je porte la montre depuis deux jours et pas un seul instant j’ai eu l’envie d’en changer. Elle procure détermination et audace. Elle vous est loyale dans vos péripéties. Le confort est lui aussi présent. Le bracelet est sans nul doute un réel atout. A la vente, la ZRC Maier est montée sur un bracelet cuir orange. Le choix du cuir peut étonner pour une montre plongeuse. Comme j’ai pu l’écrire, rien d’impardonnable à mes yeux. Il m’arrive moi-même de porter ma plongeuse personnelle sur un Nato en cuir. Chaque occasion son bracelet.

Pendant ces quelques jours, j’ai eu entre les mains la ZRC Maier montée sur un bracelet caoutchouc, orange bien sûr, et estampillé ZRC.

Ce bracelet “Swiss Made” est à mes yeux une totale réussite. Souple et résistant, il participe à l’âme de plongeuse de la montre. Fortement ajouré au niveau des cornes, il permet à la peau de respirer, notamment en été. Il présente également certains détails heureux, notamment un appendice à l’intérieur du passant mobile qui se glisse dans les trous du bracelet pour bien rester en place.Un autre détail appréciable: la boucle en bronze signée de la couronne ZRC.

Associé à une hanse très mobile au niveau de la couronne, ce bracelet caoutchouc permet une bonne adaptation de la montre aux poignets même relativement fins.

L'accord parfait.

L'accord fut parfait à plusieurs égards: le bronze de la ZRC Maier et sa couleur orange, mais aussi porter cette montre au milieu des lacs bordés de reliefs enneigés.

La ZRC Maier, clivante par nature, m'a séduit dès les premières minutes à mon poignet. Outre son confort au porté, cette montre dégage authenticité et dévouement. Comme un costume bien taillé, cette montre vous donne l’assurance pour oser, faire de nouvelles expériences et tester vos limites.

Vous vous faites happer par le charisme et l’héritage de cette ZRC Maier. Une fois au poignet, elle conforte ses adorateurs et convainc les plus réticents.